Les Cages: A Fractured Gaze | mirus gallery
5 avril - 10 mai 2014
À première vue, le travail de Sandra Chevrier séduit; d’abord il attire et endort toute vigilance à grand coup de couleurs sucrées, avant d’ordonner une attention toute particulière face à son message. En premier lieu, on remarque la beauté indéniable de l’œuvre de Chevrier, puis une inspection plus minutieuse révèle la secret d’une illusion parfaite et met à jour, finalement, la vérité plus sombre qui se cache au cœur de ses œuvres.
Pour le comprendre, l’art de Chevrier exige d’être disséqué. Ses portraits collés sont littéralement déchirés entre l'héroïsme fantastique et l'humour des bandes dessinées, et la tragédie plus dure de la cause féminine opprimée. Chevrier décrit ses personnages féminins comme étant pris au piège; tenus captifs par les limites imposées par la société et la culture, et révélant finalement à quel point notre perception de la beauté est corrompue. Les collages de bandes dessinées, à la fois anesthésiants et séduisants, font plutôt écho à des références pop-art amusantes qui finissent par dénaturer l’ironie amère selon laquelle ces femmes ont été réduites au silence, étouffées et même aveuglées par les mécanismes mêmes qui nous ont séduits.
La technique de collage de Chevrier, qui met souvent en valeur des scènes de bataille épiques extraites des pages de bandes dessinées, est presque appliqué au hasard. Mais c’est précisément ce style d’application incongru (où les personnages de fiction atteignent des sommets presque théâtraux) qui renforce le message des pressions irréalistes exercées sur les femmes dans le monde d’aujourd’hui, et qui satire parfaitement la farce de la célébrité et des rêves inaccessibles. _Tim Evans
Mirus Gallery, 540 Howard Street, San Francisco